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Implantation du PASM 2005-2010 : un travail en cours
Publié le 26 mars 2013 par Matthew Menear
En février dernier, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a publié une évaluation de l’implantation du Plan d’action en santé mentale (PASM) 2005-2010[1]. Le rapport indique que des progrès ont été observés sur le plan de l’implantation de nombreux aspects du PASM et que des améliorations considérables ont été apportées à la prestation et à l’organisation des services là où les efforts d’implantation ont porté fruit. Toutefois, l’évaluation révèle également que l’implantation de la plupart des mesures locales, régionales et nationales demeure incomplète, à la fois entre les régions et à l’intérieur des régions, et que les cibles spécifiques aux services, à quelques exceptions près, n’ont pas été atteintes.
L’un des obstacles mentionnés à plusieurs reprises dans l’évaluation est que les centres de santé et de services sociaux, ainsi que les organisations communautaires, ont souvent manqué de ressources humaines et financières pour respecter la totalité des objectifs du PASM. Dans une entrevue récente[2], le ministre de la Santé et des Services sociaux, le Dr Réjean Hébert, a rappelé le besoin d’accroître les ressources dédiées à la santé mentale. Le ministre a fait état de sa grande déception à propos de l’implantation incomplète de nombreuses stratégies proposées par le PASM, échec qu’il attribue principalement aux investissements insuffisants faits dans le budget de santé mentale de la province.
Mais de tels investissements auraient-ils réellement amélioré le processus d’implantation du PASM? Il est probable que oui, mais seulement jusqu’à un certain point. Des études portant sur le changement organisationnel démontrent que la présence de ressources suffisantes constitue un facteur clé pour faciliter le changement, mais qu’elle est loin d’être le seul facteur à prendre en considération. La nature décentralisée de l’organisation des services et de la prise de décision dans le système de santé québécois, de même que le manque d’expertise et d’infrastructures pour soutenir l’implantation des pratiques et des politiques dans le domaine de la santé mentale, sont deux autres facteurs ayant eu une influence cruciale sur la mise en application du PASM au cours des dernières années.
Il est également important de ne pas oublier l’importance de l’aspect humain lorsqu’il s’agit d’apporter des changements d’envergure à un système, tels que ceux que préconise le PASM. Dans la plupart des processus de réforme, un certain temps est requis pour permettre aux participants d’établir des partenariats et un climat de confiance tout en apprenant à travailler ensemble de façon fonctionnelle. On peut d’ailleurs soutenir que cet élément a été l’un des principaux succès du PASM : la mobilisation d’un vaste réseau d’intervenants du système de santé qui s’efforcent maintenant d’en arriver à une vision commune et de plus en plus définie. Au-delà des nouvelles structures et des cibles en matière de services, l’optimisation de la véritable force du PASM dépendra finalement des stratégies employées pour alimenter ce réseau en évolution, ainsi que pour guider et soutenir les relations et les collaborations si essentielles à la transformation des soins et à l’amélioration de la santé mentale de la population.
Références
[1] Ministère de la Santé et des Services sociaux (2013). Évaluation de l’implantation du Plan d’action en santé mentale 2005-2010 – La force des liens. Québec : Ministère de la Santé et des Services sociaux.
[2] Méthot, D. (2013). Santé mentale : le ministre Hébert très déçu des résultats du plan d’action 2005-2010. L’actualité médicale, numéro du 27 février.