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La dernière porte : l’infirmière qui a tout changé

Publié le 3 juin 2018 par Brigitte Legault

« Maman, j’ai tellement mal en dedans. Je veux mettre fin à mes jours, mais je n’en ai pas le courage. » Ces paroles étaient celles de notre fils. À l’époque, nous ignorions qu’il était atteint d’un trouble bipolaire, mais cela faisait déjà plus de deux ans que nous percevions que quelque chose n’allait pas.

Même si nous connaissions très bien les dédales du système de santé, le chemin n’était pas plus facile pour obtenir de l’aide. Jamais nous n’étions inclus dans les discussions ni même informés sur les conséquences de la maladie ou les effets de la médication. Et, nous n’étions pas les seuls. En effet, plusieurs familles exprimeraient de grandes difficultés lorsque vient le temps d’obtenir de l’information sur la maladie mentale d’un des leurs et sur les effets de celle-ci (Corrigan, P.W., Druss, B. G., et D. A. Perlick, 2014)[1].

Comme la personne atteinte d’un cancer en phase terminale, le regard de notre fils s’éteignait petit à petit. À nouveau, un autre épisode de détresse s’installait. Nous sentions chez lui une intensité se dégager dans ses gestes et ses paroles, ce qui éveillait en nous ce sentiment de peur et d’angoisse. Ses yeux remplis de tristesse, il acceptait une fois de plus de se rendre à l’urgence. Nous appréhendions tout comme lui un accueil froid, un échange bref, une prescription ainsi qu’une recommandation de suivi auprès d’un médecin de famille que nous n’avions toujours pas.

Heureusement, cette fois-ci fut différente. L’infirmière au triage nous accueillit et prit le temps de nous écouter. Nous la sentions attentive à nos propos. Puis, elle s’adressa à notre fils en lui disant : « C’est la dernière fois que tu auras à frapper à une porte, celle-ci est la bonne! » Cette infirmière a changé le cours de nos vies. Elle a amélioré la situation pour notre fils et pour nous.

Les infirmières se retrouvent partout dans notre système de santé. Grâce à leur formation et leurs compétences, elles sont notamment en mesure d’évaluer l’état physique et mental d’un individu. De plus, leur approche holiste, qui prend en compte la globalité de la personne, y compris sa famille (Hagan, 2015)[2], font d’elles des professionnelles pouvant changer en mieux la vie de personnes ayant des besoins en santé mentale. Elles peuvent ainsi sauver des vies et des familles. Le défi des milieux de la formation et des cliniques demeure toutefois de mieux sensibiliser ces infirmières à s’intéresser à la santé mentale et les amener à réaliser qu’elles peuvent être LA porte vers de l’aide réelle, et ce, peu importe le milieu dans lequel elles œuvrent.

Références

[1] Corrigan, Patrick W., Druss, Benjamin G., et Deborah A. Perlick. The Impact of Mental Illness Stigma on Seeking and Participating in Mental Health Care. Psychological Science in the Public Interest, 2014, Vol. 15(2) 37-70. DOI: 10.1177/1529100614531398

[2] Hagan, Louise. Éduquer à la santé : L’essentiel de la théorie et des méthodes (2e éd.), Québec, Presses de l’Université Laval, 2014, 224 p.