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Proches aidants des personnes âgées : L’urgence d’offrir des services de soutien dès maintenant… et pour les générations futures!
Publié le 26 novembre 2013 par Francine Ducharme
La situation des personnes âgées en perte d’autonomie illustre bien les effets du mouvement global de désinstitutionnalisation. On « maintient » les personnes âgées dans leur milieu de vie en invoquant plusieurs raisons : les coûts prohibitifs associés au vieillissement de la population et à l’utilisation des ressources plus lourdes du système, de même que le désir évident des personnes âgées de vieillir chez elles. Cette orientation découle également, de façon implicite, de la croyance suivante : la famille est une source de soutien qui permettra de « bien vieillir » à domicile. C’est ainsi que les années 2000 se démarquent par une contribution croissante des familles : davantage d’enfants adultes fournissent des soins plus complexes, pendant de plus longues périodes qu’ils ne le faisaient auparavant. Force est de constater que les proches aidants qui assurent, à titre non professionnel, une aide et des soins à leurs parents vieillissants constituent un rouage essentiel de la société.
Toutefois, peu de proches sont préparés à prendre soin pendant de longues années d’un parent âgé en perte d’autonomie. Même si la prestation de soins peut être source de valorisation et de gratification, ce rôle comporte bon nombre de difficultés. Les proches aidants doivent concilier les soins à prodiguer avec leur propre vie professionnelle, sociale et familiale. Perception de stress et de fardeau, détresse psychologique, consommation de médicaments psychotropes et dépression sont ainsi le lot de plusieurs d’entre eux. C’est dans cette perspective que l’urgent besoin de considérer la santé mentale des proches aidants comme une question de santé publique d’importance est de plus en plus reconnue, et ce, dans de nombreux pays.
En dépit de ce constat, les services de soutien offerts aux proches aidants sont encore trop peu nombreux, peu adaptés à des besoins qui évoluent au cours de la longue trajectoire de soins et, selon les études, ont des effets modestes sur leur santé mentale. Aussi les aidants sont-ils souvent réticents à utiliser les rares services existants, notamment les services de répit, les groupes de soutien ou la consultation psychologique. Il est clair que des ressources complémentaires doivent être attribuées pour accompagner ces personnes qui offrent, encore trop souvent dans l’ombre, une contribution inestimable à la qualité de vie des personnes âgées de notre société. L’orientation vers le maintien à domicile des aînés devra inévitablement être accompagnée de mesures de soutien adaptées aux besoins des aidants si l’on souhaite que cette orientation « tienne le coup » pour les futures cohortes. Sinon, qu’arrivera-t-il lorsque tous les baby boomers se seront joints aux rangs des 65 ans et plus? Qui seront les proches aidants de demain et comment seront-ils soutenus?