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Un outil indispensable pour la gestion des troubles de l’humeur

Publié le 4 juillet 2011 par Dan Bilsker

L’autogestion des soins en cas de problèmes de l’humeur est une forme d’intervention dans laquelle :

  • on fournit aux individus en détresse des cahiers d’exercices ou des sites Web conçus de manière à leur enseigner des habiletés comportementales qui permettent d’autogérer leur humeur; et
  • un professionnel de la santé ou un autre intervenant joue le rôle de guide pour les aider à apprendre et à appliquer les habiletés nécessaires à l’autogestion de l’humeur.

Ce type d’intervention présente un degré impressionnant d’efficacité dans les cas de problèmes courants de santé mentale d’intensité légère à modérée.[1] [2]

Dans les cas de dépression d’intensité modérée, les meilleurs guides de pratiques recommandent l’autogestion des soins comme une option plus sûre et plus efficace que les médicaments antidépresseurs :

[Traduction] « Songez à proposer… une intervention individuelle d’autosoins assistée, basée sur les principes de la thérapie cognitivo-comportementale aux personnes qui présentent des symptômes dépressifs persistants sous le seuil diagnostique ou qui souffrent de dépression d’intensité légère à modérée… Ne recourez pas systématiquement aux antidépresseurs pour soigner les personnes qui présentent des symptômes dépressifs persistants sous le seuil diagnostique ou qui souffrent de dépression légère, car le rapport entre les risques et les bénéfices est faible. »[3]

Pourtant, le traitement médicamenteux antidépresseur est couramment prescrit aux patients atteints de dépression légère :

[Traduction] « Les données suggèrent que les patients qui souffrent de dépression mineure ou de trouble d’adaptation reçoivent souvent un traitement antidépresseur. Cette pratique est une forme de surutilisation selon le classement nosologique de l’Institute of Medecine (IOM), car il existe peu de preuves de l’efficacité d’un tel traitement chez ces populations. »[4] De fait, comparativement à l’autogestion des soins, le traitement médicamenteux est beaucoup plus coûteux. Il est aussi associé à un plus grand risque d’effets indésirables, particulièrement la dysfonction sexuelle, qui ont d’importantes répercussions sur la qualité de la vie. Sur le plan des risques-bénéfices, on peut fortement appuyer la diffusion de l’autogestion des soins auprès des professionnels de la santé comme un substitut au traitement pharmacologique dans les cas de dépression légère. De plus, l’autogestion des soins peut également jouer un important rôle comme traitement complémentaire dans les cas de dépression plus graves.

Notre groupe de recherche, à l’Université Simon Fraser de Vancouver, a réalisé plusieurs guides d’autogestion des soins destinés aux personnes atteintes de troubles de l’humeur et de dépression légers. Ces outils, dont une version française mise au point en collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec, peuvent être téléchargés gratuitement (voir la page lien du dossier). Qu’on utilise ces outils d’autogestion ou d’autres, il est de plus en plus évident que les connaissances requises pour guider l’autogestion en cas de problèmes de l’humeur doivent être diffusées aux professionnels de la santé partout au pays.

Références

[1] Gellatly, J., Bower, P., Hennessy, S., Richards, D., Gilbody, S. and Lovell, K. (2007). What makes self-help interventions effective in the management of depressive symptoms? Meta analysis and meta regression. Psychol Med. Septembre 2007; 37(9): 1217-28

[2] Cuijpers P, Donker T, van Straten A, Li J, Andersson G. (2010) Is guided self-help as effective as face-to-face psychotherapy for depression and anxiety disorders? A systematic review and meta-analysis of comparative outcome studies. Psychol Med. Décembre 2010; 40(12): 1943-57.

[3] UK National Institute for Clinical Excellence (2009). Quick Reference Guide to Treatment and Management of depression in adults; CG90. [4] Katon W (2003). The Institute of Medicine « Chasm » report: implications for depression collaborative care models. General Hospital Psychiatry, 25: 222-229. p. 225.