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Une charte des valeurs?
Publié le 28 octobre 2014 par Martin Drapeau
Disons les choses telles qu’elles sont, sans détour…
Vous développez un trouble anxieux à la suite d’un accident de travail? Rassurez-vous : l’État vous aidera en couvrant les frais d’un traitement, y compris les frais d’une psychothérapie si c’est nécessaire.
Votre fils s’est suicidé? Eh bien…
Plus de 20 % des Québécois âgés de 15 ans et plus ont souffert d’un trouble mental comme un trouble dépressif ou un trouble de l’humeur à un moment ou à un autre de leur vie. Bien que les coûts associés aux problèmes de santé mentale soient toujours difficiles à évaluer, on estime qu’au Canada la maladie mentale représenterait près de 50 milliards de dollars en coûts directs (par exemple pour les soins) et en prestations versées pour invalidité au travail, sans compter les dépenses diverses encourues par nos entreprises, notre système de justice et notre système d’éducation. Je pourrais évidemment vous présenter d’autres chiffres, tous plus alarmants les uns que les autres : selon les estimations les plus récentes, les coûts associés aux problèmes de santé mentale seraient équivalents à près de 4 % du PIB des pays industrialisés.
Au Québec, les coûts liés aux problèmes de santé mentale représenteraient près de 8 % des dépenses de l’ensemble des programmes consacrés à la santé et aux services sociaux, pourcentage malgré tout inférieur à celui de la majorité des pays à l’avant-garde en matière de soins de santé. Toujours au Québec, environ le quart des patients consulteraient un médecin pour des troubles mentaux et bénéficieraient de deux fois plus d’actes médicaux que les personnes consultant pour d’autres raisons. Et rien n’indique que la situation s’améliorera : selon l’Organisation mondiale de la Santé et selon les études épidémiologiques les plus récentes, les troubles mentaux seront bientôt la principale cause de morbidité dans le monde…
Ces quelques chiffres font réfléchir, certes. Mais il ne faut pas oublier les autres coûts liés aux problèmes de santé mentale; ceux qui sont plus difficiles à documenter et ceux qu’on ne peut traduire en dollars ou en pourcentages sans en perdre le véritable sens. Vingt pour cent de Québécois qui ont souffert, à un moment ou un autre, de problèmes de santé mentale, ce n’est pas seulement une personne sur cinq, c’est aussi un ami sur cinq, un parent sur cinq, un collègue sur cinq. La souffrance de l’individu devient alors celle de toute la famille, la vôtre ou celle de votre voisin. Malheureusement, au Québec, peu d’options de traitement existent, la psychothérapie n’étant pas remboursée par l’État. Votre fils s’est suicidé et vous avez besoin d’aide? Alors, puisez dans vos poches…
Nous parlons beaucoup de valeurs depuis quelque temps. La Bible, la Torah et le Coran… sacré. L’égalité homme femme… sacrée. L’équité et l’accès aux services… monnayables? Je vous propose d’en parler, d’en discuter et d’en débattre au cours des prochains mois.