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Première ligne en santé mentale au Brésil : un modèle différent

Publié le 7 septembre 2015 par Louise Fournier

J’arrive tout juste d’un séjour de plusieurs semaines au Brésil où j’ai pu constater plusieurs différences avec le Québec dans le fonctionnement des services, notamment dans l’organisation des services de première ligne en santé mentale. Ce pays a pris le virage de l’intégration de la santé mentale en première ligne sensiblement en même temps que nous (dans les années 2000). Toutefois, le modèle adopté est quelque peu différent du nôtre.

Au Brésil, les services publics généraux de première ligne sont fournis par les équipes de santé de la famille (ESF), sous la responsabilité des municipalités. Ces équipes, répandues partout au pays, sont généralement composées de médecins généralistes, d’infirmiers, de techniciens infirmiers et d’agents communautaires. Elles sont responsables de la promotion, de la prévention, de la récupération, du traitement des maladies les plus courantes et du suivi de la santé des familles. On s’attend à ce que ces équipes s’occupent aussi bien de la santé mentale que de la santé physique. Les services spécialisés en santé mentale sont offerts dans la communauté par les CAPS (Centros de Atenção Psicossocial – Centres de services psychosociaux) qui sont sous la responsabilité du ministère de la Santé. Les ESF peuvent orienter les clients qui présentent des problèmes de santé mentale vers les CAPS, mais on s’attend à ce qu’elles puissent traiter elles-mêmes une grande partie des cas. Deux stratégies principales sont préconisées pour assurer le succès de ce modèle :

1. la formation initiale et continue en santé mentale pour les intervenants des ESF;
2. le renforcement des liens entre les ESF et les CAPS.

Au Québec, par rapport au Brésil, les CLSC offrent probablement l’équivalent des ESF, mais ils sont dotés en plus d’équipes dédiées à la santé mentale. Par ailleurs, nous avons également des équipes de deuxième ligne en santé mentale (équivalent des CAPS), habituellement établies dans les hôpitaux. C’est comme si nous avions un niveau de plus qu’au Brésil pour servir la clientèle présentant des problèmes de santé mentale. Cela m’amène à poser les questions suivantes :

1. Ce niveau supplémentaire constitue-t-il un réel avantage?
2. Quelle est l’efficience (rapport coût/efficacité) de chacun de ces deux modèles?
3. Dans un contexte financier où nous avons du mal à former les équipes de santé mentale dans l’ensemble de la province (40 % des effectifs requis, selon le MSSS en 2013), le modèle brésilien serait-il à considérer?

Il s’agit là de questions importantes et j’aimerais connaître vos commentaires et questions pour alimenter mes réflexions et mes recherches à ce sujet.