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De la santé mentale au bien-être au travail : changement de terminologie ou de stratégie ?
Publié le 23 mars 2015 par Michel Vézina
Nous assistons depuis quelques années à un changement de discours en ce qui concerne la problématique de la santé mentale au travail. Dans le but d’utiliser un vocabulaire moins dérangeant pour les entreprises, plutôt que de parler de santé mentale ou de stress, nous parlons dorénavant de santé psychologique et de bien-être au travail. Cette évolution a également été observée dans les publications scientifiques sur le stress au travail dont le nombre a connu une croissance marquée jusqu’au début des années 2000, puis a plafonné. L’utilisation de cette terminologie a même eu tendance à décroitre au début des années 2010[1][2] . Ce changement de discours pourrait être justifié par un simple changement de terminologie, puisqu’il est toujours question de la même chose, c’est-à-dire que le bien-être est partie intégrante de la définition de la santé mentale au travail[3].
Même si le terme « bien-être » comporte une dimension moins accusatrice pour les entreprises, il ne doit pas faire oublier ou occulter l’obligation générale de prévention des risques à la santé qu’ont les entreprises dans les pays occidentaux. Ainsi, au Québec, la Loi sur la santé et la sécurité du travail précise que l’employeur doit :
- s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les méthodes et techniques utilisées pour accomplir le travail sont sécuritaires et ne portent pas atteinte à la santé du travailleur (LSST, art 51.3).
- utiliser les méthodes et techniques visant à identifier, contrôler et éliminer les risques pouvant affecter la santé et la sécurité des travailleurs (LSST, art 51.5).
Ces obligations légales concernent bien évidemment la prévention des risques pour la santé mentale. De plus, la Loi sur les normes du travail interdit toute forme de harcèlement au travail (LNT, art 81.19).
Dans un prochain blogue, nous verrons pourquoi, au-delà de ces obligations légales, la prévention des risques psychosociaux (RPS) est un préalable à la promotion du bien-être au travail.
Références
[1] Väänänen, A., Murray, M. & Kuokkanen, A. (2014). The growth and the stagnation of work stress: Publication trends and scientific representations 1960-2011. History of the Human Sciences, 27(4): 116-138.
[2] Wainwright, D. & Calnan, M. (2011) ‘The Fall of Work Stress and the Rise of Wellbeing’, in Vickerstaff, S., Phillipson, C. & Wilkie, R. Work, Health and Wellbeing: The Challenges of Managing Health at Work. Bristol, Avon: Policy Press, pp. 161–86.
[3] OMS. (2014). 10 faits sur la santé mentale (http://www.who.int/features/factfiles/mental_health/fr/)