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Diversité ou adversité corporelle ? Quand le corps dérange

Publié le 7 septembre 2024 par Annie Aimé, Ph. D., professeure, département de psychoéducation et de psychologie, Université du Québec en Outaouais

Les préoccupations et les insatisfactions corporelles sont courantes chez les jeunes, en particulier chez les adolescentes (Duarte et al., 2016). Cela signifie que pratiquement chacun, chacune, peut identifier au moins une partie de son corps qu’il ou elle aimerait modifier. Sur les réseaux sociaux, dans les publicités ou même dans les séries télévisées, les jeunes (et les moins jeunes!) sont quotidiennement confrontés à des contenus qui mettent l’accent sur l’apparence du corps. Leurs proches et leurs ami.e.s émettent des commentaires en lien avec le poids et l’apparence qui leur rappellent les standards de beauté dont les médias les inondent. S’ensuit une stigmatisation des corps qui diffèrent de la norme, une évaluation négative de son propre corps, de même que des comparaisons injustes relativement au corps de personnes qui semblent plus attirantes ou conformes aux standards actuels. Les modèles théoriques visant à expliquer les insatisfactions corporelles (voir, par exemple, Fitzsimmons-Craft et al., 2014 et Thompson et al.,1999) suggèrent d’ailleurs que les facteurs de risque, comme les médias et les situations interpersonnelles auxquels nous sommes exposé.e.s, contribuent au développement d’insatisfactions corporelles. Ces insatisfactions naissent de l’internalisation des influences médiatiques et interpersonnelles, poussant certains individus à adopter des comportements visant à modifier leur corps, comme des régimes alimentaires restrictifs, des opérations ou la prise de médicaments pour la perte de poids.

 

Des associations significatives et négatives sont observées entre les insatisfactions corporelles et la santé mentale chez les jeunes. Par exemple, nous constatons une faible estime de soi, un sentiment de bien-être altéré, un moindre degré de satisfaction face à la vie, des symptômes dépressifs et anxieux plus importants, ainsi qu’un risque accru de trouble des conduites alimentaires (Biolcati et al., 2017; Karazsia, Murnen, & Tylka, 2017). Inversement, les personnes qui apprécient leur corps et reconnaissent à quel point il leur est utile présentent une estime de soi plus élevée, plus d’autocompassion, moins de restrictions alimentaires et moins de symptômes dépressifs et anxieux (Linardon et al., 2022). Chez les jeunes filles, l’appréciation du corps semble associée à des comportements de santé considérés comme moins risqués (incluant les activités sexuelles à risque, la consommation de tabac et d’alcool), ainsi qu’un bien-être général plus élevé (Nolen & Panisch, 2022).

 

Il semble donc essentiel d’informer et d’accompagner les jeunes afin qu’ils ou elles soient plus conscient.e.s des influences néfastes sur leur image corporelle et qu’ils ou elles les remettent en question. De plus, un accompagnement plus individuel est nécessaire pour qu’ils ou elles en viennent à apprécier leur corps, quels que soient leur poids, leur silhouette ou leur apparence. C’est dans ce contexte que la diversité corporelle, un concept selon lequel une représentation plus variée des corps et des divers schémas corporels est acceptable et même souhaitable, prend tout son sens. Célébrer la diversité des corps, c’est contribuer à prévenir les problèmes d’image corporelle et à réduire la stigmatisation en lien avec le poids et l’apparence. Pour en savoir plus sur l’image corporelle et les jeunes de la diversité corporelle, nous vous proposerons, au cours de la prochaine année, des Quintessences, ainsi que des publications et des outils sur le sujet. Vous les trouverez sous le dossier « Divers éclairages sur la santé mentale des jeunes de la diversité ». Suivez-nous!

Références

Biolcati, R., Ghigi, R., Mameli, C., & Passini, S. (2017). What can I do with my body? Boys and girls facing body dissatisfaction. InternatIonal Journal of adolescence and Youth22(3), 283-295. https://doi.org/10.1080/02673843.2016.1167748

Duarte, C., Ferreira, C., Trindade, I. A., & Pinto-Gouveia, J. (2016). Normative body dissatisfaction and eating psychopathology in teenage girls: the impact of inflexible eating rules. Eating and Weight Disorders-Studies on Anorexia, Bulimia and Obesity21, 41-48.

Fitzsimmons-Craft, E. E., Bardone-Cone, A. M., Bulik, C. M., Wonderlich, S. A., Crosby, R. D., & Engel, S. G. (2014). Examining an elaborated sociocultural model of disordered eating among college women: The roles of social comparison and body surveillance. Body Image11(4), 488-500. https://doi.org/10.1016/j.bodyim.2014.07.012

Karazsia, B. T., Murnen, S. K., & Tylka, T. L. (2017). Is body dissatisfaction changing across time? A cross-temporal meta-analysis. Psychological bulletin143(3), 293-320. http://dx.doi.org/10.1037/bul0000081

Linardon, J., McClure, Z., Tylka, T. L., & Fuller-Tyszkiewicz, M. (2022). Body appreciation and its psychological correlates: A systematic review and meta-analysis. Body Image42, 287-296. https://doi.org/10.1016/j.bodyim.2022.07.003

Nolen, E., & Panisch, L. S. (2022). The relationship between body appreciation and health behaviors among women and adolescent girls: a scoping review. Health & social work47(2), 113-122. https://doi.org/10.1093/hsw/hlac006

Thompson, J. K., Coovert, M. D., & Stormer, S. M. (1999). Body image, social comparison, and eating disturbance: A covariance structure modeling investigation. International Journal of Eating Disorders26(1), 43-51