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Étude COHÉSION

Publié le 3 juin 2021 par Laurence Bertrand, étudiante à la maîtrise recherche Santé Publique, ESPUM., Yan Kestens, Ph. D., Professeur titulaire, ESPUM/CReSP, et Grégory Moullec, Ph. D., Professeur adjoint, ESPUM/CIUSSS-NIM, au nom de l'équipe COHESION

La fin de la troisième vague de COVID-19 offre un certain soulagement et l’espoir d’un retour à une vie normale pour les Canadiennes et Canadiens, confinés pendant la majeure partie des 15 derniers mois. Pourtant, le constat s’impose : la pandémie et ses suites auront un impact sur la vie des individus et des collectivités pour encore de longs mois. L’étude COHÉSION offre des données essentielles sur les déterminants de la santé mentale et du bien-être pour soutenir la mise en place de programmes populationnels visant à mitiger les effets à long terme de la pandémie tout en réduisant les inégalités de santé.

Les effets à long terme de la pandémie seront liés directement aux ravages du virus, mais aussi et bien plus largement aux mesures sanitaires qui ont chamboulé notre quotidien. Les mesures visant à contrôler la transmission – confinement, couvre-feu, fermetures de vastes pans de l’économie – ont entraîné une augmentation du chômage et de la précarité financière, considérablement réduit les interactions sociales et les déplacements quotidiens des individus, et transformé les milieux de travail et scolaires. L’effet majeur de ces transformations soudaines pour la santé mentale et le bien-être des Canadiennes et Canadiens commence à être connu. Les résultats préliminaires de l’étude COHÉSION, par exemple, démontrent que les niveaux de détresse et de solitude ont constamment augmenté entre juillet et novembre dernier chez les 15-29 ans, qui rapportent les niveaux les plus élevés parmi tous les groupes de participants.

L’étude COHÉSION réaffirme également le constat majeur que les impacts négatifs de la pandémie sont beaucoup plus importants sur les populations marginalisées et les minorités. Les résultats de l’étude démontrent que les groupes ayant un statut socioéconomique inférieur rapportent à la fois le plus haut niveau de solitude et le plus haut niveau de privation de sommeil. Chez les 29-59 ans, en particulier, le sentiment de solitude est d’autant plus fort que les difficultés financières sont présentes. Cet impact disproportionné de la pandémie contribue ainsi aux inégalités de santé populationnelle au Canada.

Les mesures sanitaires ont eu pour effet d’exacerber l’impact du milieu de vie sur la santé mentale et le bien-être en restreignant les déplacements quotidiens des Canadiennes et Canadiens. L’accès aux ressources locales et la qualité des milieux résidentiels, et donc les inégalités existant d’un quartier à l’autre, sont particulièrement importants pour la santé. Pensons notamment aux conséquences de la présence d’espaces verts, d’infrastructures de transport actif ou des conditions de logement pour le bien-être durant les vagues de confinement : selon les données de COHÉSION, les locataires – chez qui l’insatisfaction des conditions de logement est plus fréquente – présentent un risque plus élevé de manque de sommeil que les propriétaires.

Considérant les transformations de plusieurs déterminants sociaux et environnementaux de la santé, et donc les conséquences importantes que cela peut entraîner sur la santé populationnelle et sur les inégalités de santé, la relance post-pandémique ne pourra se faire équitablement par le seul retrait des mesures sanitaires. Des politiques publiques, programmes et interventions dans les milieux de vie mis en place dès aujourd’hui doivent tenir compte de l’impact des déterminants de la santé et des inégalités sur les trajectoires de détresse psychologique et de bien-être. Pour ce faire, il est important de bien documenter les transformations de nos vies quotidiennes et de nos contextes.

L’étude COHÉSION a été lancée en juin 2020 pour répondre à ce besoin. Cette étude longitudinale pancanadienne vise à comprendre les déterminants des trajectoires de santé mentale et de bien-être, pendant et après la pandémie. Dans un contexte pandémique en évolution, l’étude permet d’explorer les mécanismes liant caractéristiques physiques et sociales des milieux de vie, comportements de santé (c.-à-d., mobilité, interactions sociales et sommeil), et trajectoires de santé mentale, pour différents groupes de populations. L’étude porte ainsi une attention particulière aux inégalités sociales et aux milieux de vie comme facteurs modifiant les trajectoires de santé mentale et de bien-être, afin d’étudier les environnements les plus en mesure d’atténuer les impacts négatifs de la pandémie, ainsi que les facteurs de résilience pour la santé mentale. La perspective des inégalités de santé est transversale : les trajectoires identifiées et les effets modérateurs seront également analysés selon le genre, l’âge, le revenu, le niveau de scolarité, dans le continuum rural-urbain et parmi les communautés racisées. Avec COHÉSION, nous pouvons suivre l’évolution des inégalités, à la fois dans les déterminants sociaux et environnementaux, et dans les trajectoires de santé mentale et de bien-être.

Une relance post-pandémique qui tient compte des déterminants de la santé est une relance mieux adaptée, plus structurante et plus équitable. Les données de COHÉSION permettront de nous donner une meilleure chance de planifier une relance qui bénéficie à tous et à toutes, pour le bien-être de tous les Canadiennes et Canadiens.

Pour plus de détails sur la méthodologie de l’étude et les données actuellement disponibles pour analyse, vous êtes invités à contacter l’équipe COHÉSION par l’entremise du site web : https://etudecohesion.ca/.

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COVID-19 et santé mentale