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Jeunes LGBTQ+ : les nécessaires mais anxiogènes « sorties de placards » et affirmations de genre
Publié le 8 mars 2021 par Annie Vaillancourt, conseillère en développement de la recherche au Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles (CRUJeF) du CIUSSS de la Capitale-Nationale., Aude Villatte, professeure à l’Université du Québec en Outaouais et chercheuse régulière au CRUJEF., Robert-Paul Juster, docteur en neurosciences, directeur du Centre d’études sur le sexe/genre, l'allostasie et la résilience (CESAR) et professeur adjoint au département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal. et Isabelle Chollet, psychologue en pratique privée et à la Fondation Le Refuge, en France, qui accueille les jeunes LGBTQ+ en situation de rupture familiale
Les premières « sorties de placard »[1] des jeunes de la diversité sexuelle et premières affirmations de genre des personnes trans ou non-binaires[2] à leur entourage sont précédées d’un plus ou moins long cheminement personnel, menant de la découverte à l’acceptation de soi. Cette période revêt un caractère hautement anxiogène, entre autres, en raison des risques inhérents au coming out et à l’affirmation de genre : regards désapprobateurs, intimidation, rejet, etc. Les plus hauts taux de problèmes de santé mentale observés chez les personnes issues de groupes marginalisés seraient d’ailleurs liés au stress associé à leur statut minoritaire (Meyer, 2003), à la stigmatisation (Goffman, 1963) et à ses conséquences (discrimination, intimidation, etc.). Les personnes issues de la diversité sexuelle, surtout celles qui n’ont pas fait leur coming out, seraient notamment plus susceptibles de vivre du stress chronique et de présenter des symptômes dépressifs ou anxieux (Juster et coll., 2013).
De premiers coming out bien accueillis peuvent renforcer les jeunes de la diversité sexuelle dans leur acceptation d’eux-mêmes et les inciter à continuer de s’affirmer, alors que de premiers coming out mal reçus peuvent avoir l’effet contraire (Dorais et Chollet, 2012). Il s’agit donc d’étapes charnières de vie pour les jeunes lesbiennes, gais, bisexuels ou d’une autre orientation sexuelle minoritaire sur les plans identitaires et relationnels. Le comble pour les jeunes aux prises avec des répercussions négatives, c’est qu’il s’agit d’un processus sans fin. Le coming out est à recommencer sans cesse : dans tous nouveaux milieux de vie (école, travail, loisirs, etc.) et cercles d’amis ou familiaux, de même qu’à chaque nouvelle rencontre dans ces milieux. Concernant l’affirmation de genre, elle vient pour sa part souvent avec un changement de prénom ou de style (vestimentaire ou corporel). Ces modifications apparentes peuvent susciter des réactions qui auront des impacts sur les jeunes trans ou non-binaires. Bref, les réponses obtenues aux premières « sorties de placard » et affirmations de genre auront une influence sur la perception que les jeunes ont d’eux-mêmes. Elles auront aussi un impact sur leurs stratégies d’adaptation, lorsque la question de se révéler ou non se posera à nouveau, c’est-à-dire sur leurs façons de faire leur coming out/ affirmation de genre ou de se défiler, selon les contextes.
Quels rôles positifs peuvent jouer l’acceptation de soi et la communication sur la santé mentale, physique et le bien-être des jeunes LGBTQ+ ? Que vivent les jeunes aux prises avec des réactions négatives, voire avec de la violence ou du rejet, au Refuge, par exemple, une fondation en France qui accueille les jeunes LGBTQ+ de 14 à 25 ans en situation de rupture familiale ? Comment aider ces jeunes à surmonter de telles épreuves et à devenir résilients ?
Robert-Paul Juster et Isabelle Chollet répondront à ces questions dans le cadre du webinaire Qualaxia « Stress et résilience associés aux sorties de placard et aux affirmations de genre chez les jeunes LGBTQ+ ». À placer à votre agenda : le mercredi 19 mai 2021, de 11h30 à 13h !
Ce webinaire, inscrit à la programmation d’une école d’été virtuelle sur les jeunes LGBTQ+ offerte gratuitement et accessible à tous, aura lieu du 17 au 21 mai 2021. Pour consulter cette programmation et vous inscrire à certains ateliers, dont ce webinaire : https://www.crujef.ca/ecole-dete
[1] Révélations d’orientations sexuelles autres qu’hétérosexuelles (expression qui réfère au coming out en anglais).
[2] Personnes qui s’identifient autrement qu’à leur sexe assigné à la naissance.
Références
- Dorais, M. et Chollet, I. (2012). Être homo aujourd’hui en France. H&O.
- Goffman, E. (1963). Stigma: Notes on the Management of Spoiled Identity. Englewood Cliffs, N.J., Prentice-Hall.
- Juster, R.-P, Grant Smith, N. Ouellet, É, Sindi, S. & Lupien, S. (2013). Sexual orientation and disclosure in relation to psychiatric symptoms, diurnal cortisol and allostatic load. Psychosomatic Medicine (75), 103-116.
- Meyer, I.H. (2003). Prejudice, social stress, and mental health in lesbian, gay, and bisexual populations: conceptual issues and research evidence. Psychol. Bull. (129), 674–697.
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