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La démarche ‘Se donner du souffle’ du RRASMQ: agir sur les causes, ensemble. Partie 1: passer du thérapeutique au politique.

Publié le 20 janvier 2020 par Anne-Marie Boucher, responsable aux communications et à l’action sociopolitique et Mathilde Lauzier, coresponsable à la formation et au développement des pratiques du RRASMQ

La santé mentale est profondément liée aux déterminants sociaux de la santé et aux inégalités sociales. Si les logements et le transport se font moins accessibles, si la solitude étend son emprise, si les préjugés pèsent lourds, si le souci pour la fin du mois ou la fin du monde se creuse, la santé mentale des personnes les moins favorisées en pâtit. Depuis 1983, le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ), de pair avec ses 100 groupes membres, porte une vision critique en santé mentale, anime une vie associative, soutient le développement de pratiques visant à faire vivre un ailleurs et autrement en santé mentale, tout en s’engageant socialement et politiquement à interpeller plus largement la société pour qu’elle soit plus juste et plus inclusive.

En 2015, alors que le Québec vivait la plus grande période d’austérité, les ressources membres du RRASMQ se dotaient d’une planification stratégique dont l’un des enjeux en appelait à «contribuer au renforcement d’une conception globale des problèmes de santé mentale qui reconnaîtrait la nécessité d’agir sur les inégalités sociales et les conditions de vie». Les ressources alternatives souhaitaient prendre ces inégalités à bras le corps afin d’agir sur les causes de nombreuses difficultés vécues par les personnes, tout en étant conscientes du défi que représentait la mobilisation collective sur ces enjeux de nature sociopolitique.

Partir des gens, se solidariser et prendre conscience des droits bafoués

C’est ainsi que démarrait en 2017 la démarche Se donner du souffle, visant à outiller les groupes dans le développement ou la consolidation de l’approche de l’Éducation populaire autonome (EPA) et à revaloriser la culture de mobilisation et d’action collective pour la transformation sociale. Nous reconnaissions en cette approche une manière de concilier les valeurs de l’Alternative et les principes de l’Action communautaire autonome. Nous la présentions, au départ, comme une «démarche d’animation, de ressourcement et de réflexion impliquant des personnes membres et salariées désignées par leurs ressources au fil du temps et des rencontres». Cette démarche a été soutenue, tout au long, par le Carrefour de participation, de ressourcement et de formation (CPRF) qui en a fourni les grandes orientations et activités pédagogiques.

Au démarrage de cette démarche, deux rencontres nationales ont été consacrées à partager et à converser ensemble sur le vécu d’injustice des premières personnes concernées dans une diversité de situations de vie, pour laisser la place à l’indignation et à la colère. Des intervenantEs ont alors constaté que, par leurs pratiques individuelles d’accueil et d’apaisement portant davantage sur une visée thérapeutique, elles et ils venaient parfois éteindre cette colère légitime. Or, cette indignation face aux injustices peut également être un moteur d’action et de mobilisation si elle est accueillie et amplifiée par la collectivisation des vécus. Avec l’accompagnement de Majo Hansotte (Les intelligences citoyennes), les personnes participant à la démarche ont exploré la colère, la solidarité et les modes d’expression de l’indignation pour en faire un moteur de transformation sociale.

Dans une seconde étape, une activité de “phrases à compléter” a été envoyée aux ressources membres du RRASMQ, les invitant à l’animer avec leurs membres. Il s’agissait pour les ressources membres de se pratiquer à collectiviser les situations tout en participant à faire émerger un portrait des situations qui portent atteintes aux droits des personnes en santé mentale au Québec. À partir des quelques 60 tableaux recueillis dans une dizaine de ressources, une équipe a constitué huit mosaïques de paroles qui ont été amalgamées autour d’autant de torts subis: «On nous colle un diagnostic sans tenir compte de nos histoires», «nos mauvaises conditions de vie affectent notre santé mentale», «en psychiatrie, on vit dans la peur et on perd nos droits», etc. Lors de l’assemblée générale annuelle de juin 2018 du RRASMQ, ces mosaïques ont été présentées et la démarche Se donner du souffle prenait un visage plus concret en offrant la possibilité d’expérimenter concrètement une mobilisation sur le terrain. En choisissant un tort subi dans le but d’en faire l’analyse et de le transformer, les différentes régions expérimenteraient, concrètement, le défi de la transformation sociale.

 

Partie 2 à suivre…

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Travail social et santé mentale