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L’arrivée des infirmières praticiennes spécialisées en santé mentale [IPS SM]: une avancée majeure pour l’accès aux soins et services au Québec

Publié le 27 janvier 2020 par Claudia Cormier, inf., M. Sc. Inf. (Candidate infirmière praticienne spécialisée en santé mentale) et Nathalie Maltais, inf., M. Sc. Inf. (Candidate au Ph. D., professeure et directrice aux cycles supérieurs, formation IPS à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR))

L’accessibilité aux services de qualité en santé mentale représente un enjeu majeur de santé publique. Plus d’une personne sur cinq sera aux prises avec un problème de santé mentale au cours de sa vie (Ministère de la Santé et des Services Sociaux, 2015). Aussi, il apparait difficile pour la population québécoise, autant pour les jeunes que pour les adultes, d’avoir accès rapidement à des services spécialisés de psychiatrie (Champagne, Contandriopoulos, Ste-Marie et Chartrand, 2018). La formation d’une nouvelle classe d’infirmière praticienne spécialisée (IPS) en santé mentale fait partie des solutions mises en place pour favoriser l’accès à des soins de qualité.

Au Québec, environ 600 IPS œuvrent dans le réseau de la santé dans divers milieux de soins. Depuis 2007, l’ajout de ces IPS a fourni des ressources humaines qualifiées pouvant intervenir directement auprès de la clientèle (Côté, Freeman, Jean, Pollender et Binette, 2018). Néanmoins, le problème d’accessibilité persiste particulièrement pour ceux et celles qui nécessitent des soins et services spécialisés en santé mentale (Champagne et al., 2018). Ainsi, un nouvel encadrement réglementaire a prévu la création d’une classe d’infirmières praticiennes spécialisées en santé mentale (IPSSM). Les premières cohortes, provenant majoritairement de l’Outaouais, Montréal et Québec, intégreront les équipes de soins dès janvier 2020.

L’objectif principal de l’intégration des IPSSM(s) vise à améliorer l’accessibilité, la qualité, la sécurité et la continuité des soins. L’IPSSM peut offrir des services en première, deuxième et troisième ligne, pour les personnes présentant un trouble mental, y compris un trouble d’utilisation de substances. Dans un groupe de médecine familiale (GMF), l’IPSSM travaille en collaboration avec un ou plusieurs médecins partenaires tout en maintenant son autonomie professionnelle (Ordre des infirmières et infirmiers du Québec & Collège des médecins du Québec, 2019). Cinq nouvelles activités médicales lui sont réservées en vertu de l’article 36.1 de la Loi sur les infirmières et les infirmiers (LII), soient: prescrire des examens diagnostiques; utiliser des techniques diagnostiques invasives; prescrire des médicaments et d’autres substances; prescrire des traitements médicaux et utiliser des techniques ou appliquer des traitements médicaux invasifs. Par conséquent, l’IPSSM peut effectuer de façon autonome le suivi d’un plus grand nombre de patients en GMF avec ou sans médecin de famille. Elle consulte le médecin partenaire lorsque la situation excède son champ de compétences. Ainsi, elle favorise l’accessibilité à un plus grand nombre de Québécois et Québécoises aux soins et services en santé mentale.

Afin de pouvoir exercer ces activités, la formation universitaire de cycle supérieur est nécessaire. En fait, cette formation de l’IPSSM s’adresse aux infirmières ayant complété un baccalauréat. Ces études supérieures comprennent un diplôme d’études supérieures spécialisées ainsi qu’une maîtrise en sciences infirmières incluant 950 heures de stage en pratique clinique directe sous la supervision d’un médecin psychiatre. Autrement dit, l’IPSSM possède un diplôme qui se situe entre une maîtrise et un doctorat. Finalement, la complexité croissante des besoins et de l’accessibilité confirme l’importance de l’IPSSM et sa valeur ajoutée pour la santé de la personne et de ses proches.
 

Références

Champagne, F., Contandriopoulos, A. P., Ste-Marie, G., & Chartrand, E. (2018). L’accessibilité aux services de santé et aux services sociaux au Québec., p.1-48. Repéré à http://www.irspum.umontreal.ca/Portals/0/Atlas_accessibilité(reduit).pdf

Côté, N., Freeman, A., Jean, E., Pollender, H., & Binette, S. (2018). Les facteurs contributifs à l’optimisation de la pratique de l’infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne : enjeux de collaboration interprofessionnelle, d’intégration du rôle et de sens du travail : rapport final. Québec (Québec): Centre intégré de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale. Repéré à http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/3441311

Loi sur les infirmières et les infirmiers, L.Q. 2003, c. 8, art.36.1

Ministère de la Santé et des Services Sociaux. (2015). Plan d’action en santé mentale 2015-2020: Faire ensemble et autrement.

Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, & Collège des médecins du Québec. (2019). Pratique clinique de l’infirmière praticienne spécialisée en santé mentale – Lignes directrices. Repéré à https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/2506-lignes-directrices-IPSSM-web.pdf?20190722