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Le Grand Rassemblement Jeunesse en santé mentale (GRJ-SM): un aperçu de la richesse du savoir expérientiel

Publié le 22 décembre 2019 par Emmanuelle Saulnier-Leclerc (chargée de projet jeunesse à l’Association québécoise pour la réadaptation psychosociale (AQRP)), Cathy Martineau (étudiante à la maîtrise en sciences infirmières à l’UQAR) Kharoll-Ann Souffrant (candidate au doctorat en service social à l’Université d’Ottawa), Vincent Arseneault (étudiant à la maîtrise en orientation professionnelle à l’Université de Sherbrooke), et Janie Dolan Cake (M. Serv. Soc., à l’UQAM) - Jeunes membres du Comité d’Orientation et Suivi du GRJ-SM.

Le 18 mai 2019 avait lieu, à Québec, l’événement de clôture de la phase 1 du GRJ-SM. Ce projet évolutif organisé par, pour et avec de jeunes Québécois et Québécoises ayant un savoir expérientiel en santé mentale (JSM)1, vise à créer une communauté identitaire représentant les vécus distincts et partagés des JSM et à déterminer les aspirations et défis communs.

Aller vers une perspective holistique et communautaire de la pleine citoyenneté est un prérequis pour un changement de paradigme donnant au savoir expérientiel la place et les conditions qu’il mérite. Ce virage nécessaire contribue au rétablissement et à l’empowerment collectif (Carrier, Gross, Morin et De La Tribonnière, 2017).

Grâce à des ateliers participatifs traitant des impacts de la santé mentale sur les sphères de vie des JSM, des réponses sociales reçues durant leurs parcours, ainsi que des manifestations personnelles du rétablissement chez les JSM et de leurs aspirations, cet événement posait le premier jalon constitutif de cette communauté2.

Pour guider le développement des phases à venir du projet, des pistes d’actions prioritaires, appuyées par des perspectives transversales inclusives, collaboratives, multidisciplinaires et intersectionnelles, ont été définies. Nommons au passage:

  • La formation de JSM pour soutenir le partage des savoirs, considérant le besoin de préparation, d’accompagnement et de soutien des personnes œuvrant dans des domaines liés à leur vécu (Lierville, Grou et Pelletier, 2015);
  • Le partage des expériences des JSM par différents médiums (témoignage verbal, écrit, sous la forme d’un projet artistique, etc.);
  • L’éducation populaire émanant de la parole des jeunes;
  • La défense des JSM dans les organismes décisionnels;
  • La réorganisation des soins et services en santé mentale jeunesse, etc.

Lors de l’événement, les participants ont, entre autres, dénoncé que beaucoup de consultations avaient lieu en santé mentale jeunesse, mais que peu de projets se concrétisaient en collaboration avec des jeunes. La participation de personnes au savoir expérientiel ne semble effectivement pas s’accroître dans les réseaux publics de santé et de services sociaux (Godrie, 2015), malgré l’orientation théorique des politiques québécoises la valorisant (Beaulieu, 2017).

La participation des JSM demande des solutions adaptées et novatrices pour contrer des barrières existantes partout dans le monde anglo-saxon dont l’infériorisation par les services publics, les méthodologies organisationnelles inadaptées, l’inaccessibilité matérielle (ex. coûts de participation trop élevés) et la peur de la stigmatisation, c’est-à-dire de se voir étiqueté (Robson et al., 2008).

En bref, faciliter la participation des JSM aux décisions qui les concernent est impératif afin d’avoir une meilleure compréhension de leurs réalités, d’améliorer leur inclusion sociale et de favoriser la mise en place d’interventions et de services adaptés à leurs besoins.

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1 Jeunes (16-35 ans pour le GRJ-SM) ayant vécu des difficultés liées à leur santé mentale (diagnostics, expériences des soins et services, déséquilibres et bouleversements) et s’engageant dans une démarche de réflexion (face à leur identité, ce qu’ils et elles ont traversé, aux apprentissages et connaissances qui en ressortent, etc.).
2 Pour un résumé complet et nuancé des apprentissages réalisés dans le cadre de ce rassemblement, consultez le compte-rendu: https://aqrp-sm.org/wp-content/uploads/2019/08/GRJ-SM-Version-longue-compte-rendu-des-apprentissages-du-18-mai-2019-FR.pdf.

Références

Beaulieu, M.-D. (2017). Préface: la participation des personnes dans les soins de santé et les services sociaux. Dans S. Carrier, P. Morin, O. Gross et X. De La Tribonnière (dir.), L’engagement de la personne dans les soins de santé et services sociaux. Québec, Canada: Presses de l’Université du Québec.

Carrier, S., Morin, P., Gross O. et De la Tribonnière, X. (dir.) (2017). L’engagement de la personne dans les soins de santé et services sociaux. (1re éd.) Québec, Canada: Presses de l’Université du Québec.

Godrie, B. (2015). La participation publique favorise-t-elle l’empowerment? Un état des lieux au Québec et dans le monde anglo-saxon, Sciences et Actions sociales, 1 (1), 1-20.

Lierville, A-L., Grou, C., et Pelletier, J.-F. (2015). Enjeux éthiques potentiels liés aux partenariats patients en psychiatrie : état de situation à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, Santé mentale au Québec, 40 (1), 119-134.

Robson, P., Sampson, A., Dime, N., Hernandez, L., et Litherland, R. (2008). Seldom heard: Developing inclusive participation in social care, Londres: Social Care Institute for Excellence. Cité dans Godrie, B. (2015). La participation publique favorise-t-elle l’empowerment? Un état des lieux au Québec et dans le monde anglo-saxon, Sciences et Actions sociales, 1 (1), 1-20.