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Le port du masque en service de garde et le développement socioaffectif de nos tout-petits

Publié le 27 mai 2021 par Andréane Melançon et Emilie Audy, conseillères scientifiques spécialisées, Institut national de santé publique du Québec

Nous connaissons depuis longtemps l’importance des émotions dans les relations sociales et les tout-petits ne font pas exception à la règle. Dès la naissance, les enfants sont naturellement portés vers les visages; ils imitent, décodent et comprennent les expressions faciales des gens qui les entourent et les utilisent pour guider leur apprentissage. Ainsi, les enfants se développent grâce aux expériences et aux interactions avec leur famille, mais également dans d’autres milieux de vie comme les services de garde. Le port du masque par les éducatrices des services de garde, pour limiter la transmission de la COVID-19, a donc suscité beaucoup de questionnement : – est-ce que cette mesure peut avoir des effets à long terme sur le développement langagier et socioaffectif des enfants d’âge préscolaire? – serait-il pertinent que le personnel des services de garde utilise des masques transparents? C’est à ces questions que tente de répondre la synthèse rapide COVID-19 : Effets du port du masque par le personnel des services de garde sur le développement langagier et socioaffectif des 0-5 ans, réalisée à l’Institut national de santé publique du Québec.

D’entrée de jeu, il importe de mentionner qu’aucune étude scientifique évaluant les effets prolongés du port du masque par le personnel des services de garde sur le développement des enfants n’a été identifiée. La synthèse rapide explore donc les effets potentiels du port du masque sur les indices visuels et auditifs impliqués dans le développement langagier et socioaffectif des enfants de 0 à 5 ans.

Une étude démontre que les enfants de 7 à 12 ans comprennent bien les émotions d’autrui même si ces personnes portent un masque puisqu’ils se servent d’autres éléments contextuels (ex. : la posture, la coloration du visage) pour inférer l’émotion de l’interlocuteur. Dans cette étude, l’âge est un facteur significatif quant à la capacité à inférer une émotion : les plus jeunes enfants du groupe réussissent moins bien cette tâche. Cela laisse présager que les tout-petits (0 à 5 ans), en apprentissage des émotions, pourraient peiner à inférer l’émotion d’un interlocuteur masqué.

En effet, puisque l’expression d’une émotion implique notamment les muscles du haut et du bas du visage, cacher le bas de la figure par un masque opaque pourrait entraîner plusieurs conséquences. Par exemple, le port du masque par l’adulte pourrait gêner ou diminuer la communication non verbale et réduire la communication des émotions ou, rendre plus difficile l’inférence d’émotions chez autrui et la distinction entre certaines émotions (peur vs surprise) par l’enfant. Le port du masque pourrait être plus dommageable à certaines périodes spécifiques du développement, soit lorsque l’enfant acquiert les compétences de base nécessaires à son développement socioaffectif.

Ainsi, l’utilisation du masque transparent par le personnel des services de garde, permettant l’accès visuel aux émotions, peut être une stratégie envisagée afin de minimiser les risques potentiels d’atteinte au développement socioaffectif des jeunes enfants. Toutefois, il est important de rappeler que plusieurs facteurs participent au développement de l’enfant et que ce processus résulte des interactions dans l’ensemble de ses milieux de vie. Il est donc difficile d’évaluer les effets isolés du port du masque en milieu de garde.