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Les conditions de pratique en psychothérapie : la situation actuelle et la rémunération demandée
Publié le 11 septembre 2016 par Martin Drapeau
Je l’ai déjà affirmé, et je le redis ici : si on veut permettre l’accès à la psychothérapie, il faut remplir un certain nombre de conditions, l’une d’entre elles étant qu’il faut offrir aux professionnels des conditions de pratique qui favorisent leur adhésion au programme. Et qui dit conditions de pratique, dit rémunération.
Au Québec, on le sait déjà, la santé mentale tend à être dramatiquement sous-financée. On manque d’argent (rappelons quand même que de permettre l’accès à la psychothérapie pourrait ultimement représenter des économies importantes). Il n’est donc pas surprenant que lorsque je fais la promotion de l’accès à la psychothérapie, on me reproche — et je cite — que « c’est uniquement pour que les psys se remplissent les poches comme les médecins le font déjà ».
Lorsque nous avons mené nos enquêtes auprès des psychologues et psychothérapeutes pour connaître leur avis quant à l’accès à la psychothérapie, nous leur avons demandé combien ils aimeraient être payés. Mais pour savoir s’ils verraient dans un programme d’accès à la psychothérapie financé par l’État une occasion de « se remplir les poches », nous avons précédé notre enquête par une série d’autres études visant à tracer un portrait fidèle de la situation de ces professionnels.
Au moment de l’enquête, les psychologues et psychothérapeutes demandaient en moyenne 95,10 $ (médiane = 87,50 ET = 16,69) pour une séance de thérapie individuelle d’environ une heure. Quelques mois plus tard, nous leur avons demandé combien ils aimeraient recevoir de l’État si celui-ci devait assurer les coûts de la psychothérapie. Nous leur avons proposé deux scénarios : un premier selon lequel ils pourraient fixer leur propre tarif et se faire rembourser une partie de ce montant par l’État et un second selon lequel l’État déterminerait un montant fixe par séance. Dans le premier scénario, le montant demandé était de 87 $ (ET = 15,21); dans le second, il était de 100 $ (ET = 17,79).
La conclusion? D’abord, le premier scénario, selon lequel les psys pourraient fixer leur propre tarif et se faire rembourser une partie de ce montant, serait moins coûteux (et était aussi plus fortement endossée) qu’un scénario avec un paiement fixe par séance. Mais plus important encore, les psys ne chercheraient pas, avec un programme d’accès à la psychothérapie, à s’enrichir davantage; ils demanderaient la même rémunération, sinon moins, que ce qu’ils gagnent déjà. Rappelons par ailleurs que les psys du système public sont sous-payés et que les internes en psychologie ne reçoivent aucune compensation, faisant d’eux les seuls en Amérique du Nord à ne pas être rémunérés pour leur travail. Difficile de remettre en question leur dévouement, et difficile d’affirmer que leur motivation première est l’argent…