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Les pratiques centrées sur la famille et le rétablissement en santé mentale, où en est le Québec?

Publié le 3 mai 2021 par Piché, G., Villatte, A., Clément, M.-È, Morin, M.-H. et Vetri, K.

Depuis une dizaine d’années, les politiques et milieux de pratique en santé mentale adoptent de plus en plus une perspective holistique de rétablissement de la personne à travers son contexte de vie familiale et socio-professionnelle, en complément du modèle biomédical axé sur la réduction des manifestations des troubles mentaux. De plus, la place de la famille dans le rétablissement de l’individu est de plus en plus reconnue (Commission de la santé mentale du Canada, 2014). Dans cette lignée, certains auteurs soulignent la pertinence du concept du rétablissement relationnel, qui est décrit comme un processus « … qui contribue et est influencé par la vie familiale, les expériences familiales ainsi que le bien-être et le fonctionnement des autres membres de la famille » (Nicholson, 2014; Price-Robertson et al., 2017).

En effet, pour bon nombre de personnes vivant avec un trouble mental, la famille constitue un élément central dans leur vie. Certaines études ont indiqué que près de 50% des utilisateurs de services en santé mentale ont des contacts quotidiens avec les membres de leur famille (Morgan et al., 2012) et qu’environ 20% d’entre eux vivent avec leurs enfants (Maybery et al., 2009). Ainsi, pour plusieurs parents qui ont un trouble mental, il est impossible de séparer leur rétablissement individuel du bien-être de leur famille, de leurs responsabilités parentales ou de leur relation avec leurs enfants. Également, pour les proches, notamment les enfants et les partenaires, le trouble mental peut entraîner de l’anxiété, de la crainte, de la confusion, voire même un sentiment de honte ou de culpabilité (Reupert et al., 2015).

Compte tenu de ce qui précède, une approche centrée sur la famille (ACF), visant l’inclusion des membres de la famille dans les soins et services, est dorénavant recommandée pour favoriser le rétablissement des adultes ayant des troubles mentaux, ainsi que l’adaptation psychosociale et la santé mentale des proches (Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, 2015). Cependant, à ce jour, l’ACF semble encore sous-utilisée dans plusieurs pays et de nombreux obstacles – notamment organisationnels – freineraient son utilisation (Maybery et Reupert, 2009). Au Québec, peu de données existent sur l’utilisation de pratiques centrées sur la famille et le rétablissement en santé mentale. De nombreuses questions demeurent en suspens : – dans quelle mesure les professionnels œuvrant en santé mentale pour adulte évaluent-ils les besoins des familles en matière de soutien ? – comment favorisent-ils la participation des familles dans les services ? – comment répondent-ils aux besoins des enfants dans les familles qui vivent des difficultés en santé mentale?

L’enquête provinciale « Mes pratiques de soutien en santé mentale auprès des parents-usagers et de leur famille », financée par le CRSH (#435-2020-1092) répondra à ces questions. Au terme de cette enquête, des groupes de discussion focalisés auprès de professionnels et gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux du Québec seront réalisés avec comme objectif le développement conjoint d’un cadre de référence pour soutenir l’adoption de l’ACF chez les professionnels qui tiendra compte de leurs besoins et des milieux de pratique.  

Pour participer, cliquez ici : https://sondages.uqo.ca/index.php/618631?lang=fr

Références

  •  Commission de la santé mentale du Canada. (2014). Déclaration d’engagement envers le rétablissement.  http://www.mentalhealthcommission.ca/Francais/system/files/private/t/MHCC_Recovery_Declaration_FRE. pdf.
  • Maybery, D. et Reupert, A. (2009). Parental mental illness: a review of barriers and issues for working with families and children. Journal of Psychiatric and Mental Health Nursing, 16(9), 784-791.
  • Maybery, D. J., Reupert, A. E., Patrick, K., Goodyear, M. et Crase, L. (2009). Prevalence of parental mental illness in Australian families. Psychiatric Bulletin, 33(1), 22-26.
  • Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (2015). Plan d’action en santé mentale 2015-2020: Faire ensemble et autrement. (Publication n° 17-914-17W). http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2015/15-914-04W.pdf
  • Morgan, V. A., Waterreus, A., Jablensky, A., MacKinnon, A., McGrath, J. J., Carr, V., Bush, R., Castle, D., Cohen, M., Harvey, C., Galletly, C., Stain, H. J., Neil, A., McGorry, P., Hocking, B. et Saw, S. (2012). People living with psychotic illness in 2010: The second Australian national survey of psychosis. Australian and New Zealand Journal of Psychiatry, 46(8), 735–752. https://doi.org/10.1177/0004867412449877
  • Nicholson, J. (2014). Supporting mothers living with mental illnesses in recovery. In Motherhood, mental illness and recovery (pp. 3-17). Springer.
  • Reupert, A., Cuff, R. et Maybery, D. (2015). Helping children understand their parent’s mental illness. In Parental psychiatric disorder: Distressed parents and their families (pp. 201-209). Cambridge University Press.
  • Price-Robertson, R., Obradovic, A. et Morgan, B. (2017). Relational recovery: beyond individualism in the recovery approach, Advances in Mental Health, 15(2), 108-120, https://doi.org/10.1080/18387357.2016.1243014

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