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Les univers parallèles de la santé mentale et de la santé physique

Publié le 9 octobre 2018 par Mélanie Perroux, Lily Lessard, Caroline Larue, Arnaud Duhoux et Damien Contandriopoulos

Malgré le déploiement du suivi des troubles mentaux dans les soins primaires et la formation de l’Équipe multidisciplinaire de santé mentale (EMSM), de nombreuses personnes avec des troubles mentaux n’obtiennent pas des soins physiques.
 
Une évaluation de sept Équipes de soins primaires intégrés (ESPI) (Contandriopoulos et al., 2015) reposant sur des rôles infirmiers élargis permet trois constats :
 
·     la rigidité des rôles professionnels influence la globalité des soins;
·     la prise en charge demeure biomédicale;
·     plus les situations de santé sont complexes, moins il y a de professionnels impliqués.
 
Cinquante et un professionnels ont répondu à une entrevue semi-dirigée. Selon le Continuum des pratiques de collaboration interprofessionnelle en santé et services sociaux (Careau et al., 2015), trois modèles de prise en charge ont été établis selon des niveaux de complexité faible, moyenne ou élevée de la situation de soins.
 
Nos milieux étaient reconnus comme étant multidisciplinaires, pourtant le travail des professionnels demeure divisé et biomédical. Les infirmières cliniciennes assurent les soins de santé physique (en vert sur la figure) d’un patient ayant une complexité faible qui est suivi par une infirmière praticienne spécialisée pour les soins de santé mentale (en orange). Plus la complexité du patient augmente et plus la place de l’omnipraticien est prépondérante. Finalement, pour les patients ayant une complexité élevée de soins, la prise en charge devient majoritairement axée sur la santé physique tandis qu’ils seront suivis par un psychiatre pour leurs besoins en santé mentale. 


Les omnipraticiens assurent la majorité des diagnostics, mais la proportion tend à diminuer au profit du psychiatre avec l’accroissement de la complexité de la situation. Quant aux infirmières, elles détectent les troubles mentaux, par exemple, lors d’une maladie chronique non stabilisée ou d’un nouveau diagnostic.
 
Pour favoriser la globalité des soins, plusieurs facteurs doivent être considérés : le manque de temps et l’impératif de productivité limitent la prise en charge holistique. L’intégration théorique de la santé mentale dans les soins primaires augmente le niveau de compétences des professionnels, mais les besoins de formation demeurent importants. Cependant, il est nécessaire d’assouplir la structuration du réseau de la santé (Contandriopoulos et al., 2018).
 
En effet, les milieux structurés par module de soins (selon des programmes clientèle tels que la clinique du diabète ou le programme santé mentale) comportent des rôles plus cloisonnés. Le modèle de subsidiarité (où chaque professionnel assure une grande étendue des besoins de la personne en respectant son champ de pratique) serait une piste pour élargir la place des autres professionnels dans la prise en charge des troubles mentaux et pour mieux intégrer les soins de santé physique et de santé mentale.

 

Références

Careau, E., Brière, N., Houle, N., Dumont, S., Vincent, C., & Swaine, B. (2015). Interprofessional collaboration: development of a tool to enhance knowledge translation. Disability and rehabilitation, 37(4), 372-378.

Contandriopoulos, D., Duhoux, A., Roy, B., Amar, M., Bonin, J.-P., Da Silva, R. B., . . . Cockenpot, A. (2015). Integrated Primary Care Teams (IPCT) pilot project in Quebec: a protocol paper. BMJ Open, 5(12), e010559.

Contandriopoulos, D., Perroux, M., Cockenpot, A., Duhoux, A., & Jean, E. (2018). Analytical typology of multiprofessionnal primary care models. BMC Family Practice, 19(44), 1-11.