Article
Profiter de la pandémie pour repenser le système de santé mentale québécois : pistes de réflexion
Publié le 24 mai 2021 par Matthew Menear, Département de médecine familiale et médecine d’urgence, Université Laval; VITAM Centre de recherche en santé durable et Ariane Girard, VITAM Centre de recherche en santé durable
Depuis un an, le gouvernement du Québec a introduit plusieurs mesures pour atténuer les effets de la pandémie sur la santé mentale de la population. Dans notre Quintessence de juin 2020, nous avons résumé les principaux éléments de leur plan d’action pour répondre aux conséquences psychologiques et psychosociales de la crise de la COVID-19. Depuis, le gouvernement a annoncé des investissements supplémentaires – totalisant 125 millions de dollars – visant à améliorer l’accès aux services de santé mentale pour les jeunes, à maintenir les rehaussements des services sociaux et psychosociaux, à mieux répondre aux besoins des populations vulnérables et à soutenir les organismes communautaires de santé mentale.
Dans notre nouvelle Quintessence (juin 2021), nous présentons des exemples de politiques et de mesures liées à la santé mentale qui ont été mises en place par différents pays pour répondre aux effets de la pandémie. C’est donc le bon moment pour réfléchir à ce que notre province peut apprendre de ces expériences internationales en vue de renforcer notre réponse ici au Québec. Voici quelques actions à considérer :
- Le gouvernement pourrait faire des investissements financiers importants pour améliorer l’accès de la population aux outils et plateformes en ligne pour le dépistage, l’autogestion, le traitement (ex. : plateformes pour autosoins) et la surveillance des problèmes de santé mentale. Cela pourrait impliquer des investissements pour rendre des outils existants disponibles en français ou accélérer le développement de nouvelles ressources ou plateformes afin de diversifier l’offre de services et mieux répondre aux besoins non comblés par les services actuels. Cela pourrait également impliquer des soutiens financiers pour faciliter la mise en œuvre et la mise à l’échelle d’outils et de ressources prometteurs. Au cours des dernières années, il y a eu une croissance fulgurante dans ce domaine et il existe maintenant de nombreux outils et plateformes numériques qui pourraient aider la population à avoir un meilleur accès à du soutien et des traitements fondés sur les données probantes. Le gouvernement doit également développer des politiques visant à ce que l’accès à des soins à distance de qualité devienne une norme dans les établissements de santé et une exigence de formation professionnelle pour les cliniciens.
- La pandémie a mis en évidence la responsabilité des cliniciens à l’égard de la qualité des soins offerts à la population. Par exemple, plusieurs milieux de pratique (privé ou public) et professionnels de la santé ont dû innover pendant la pandémie pour restructurer leur offre de services afin d’offrir des soins à distance de qualité, et ce, malgré l’absence de guides de pratique applicables à leur contexte, de politiques d’établissement en la matière ou de soutien clinique. Le gouvernement pourrait travailler à la création d’un système qui permet d’identifier les pratiques innovantes, de les mettre en valeur et de partager les bons et moins bons coups partout dans la province. Des mécanismes doivent être en place pour repérer plus facilement les pratiques à améliorer et soutenir les cliniciens dans la mise en œuvre des pratiques innovantes qui s’appuient sur des données probantes.
- La pandémie est une expérience éprouvante pour l’ensemble du personnel de la santé et des services sociaux. À l’heure actuelle, les mesures prises pour assurer leur santé psychologique et leur bien-être semblent inadéquates. Comme il fut le cas dans d’autres pays, le gouvernement pourrait instaurer des équipes tactiques en santé mentale déployées sur les plans national et régional pour répondre rapidement aux besoins des personnes à haut risque, en plus d’intervenir de manière proactive et en interdisciplinarité pour maintenir et améliorer la santé mentale des intervenants dans divers secteurs. Il y a également une sérieuse réflexion à avoir au Québec en ce qui concerne nos politiques sur la durée des congés de maladie payés, comme il se fait actuellement dans d’autres endroits partout dans le monde.
Que pensez-vous de ces actions potentielles? Nous vous invitons à consulter la page Facebook de Qualaxia et à partager vos commentaires ainsi que vos propres idées d’actions que le gouvernement pourrait prendre en considération pour améliorer la santé mentale de la population en ce temps de crise.